De Boston à ???

A notre arrivée, nous sommes accueillis par Eric, ami de longue date de Cédric. Tout de suite, le courant passe à 330 Volts et les retrouvailles se passent dans une ambiance électrisante. Assez électrisante pour que je me prenne pour un gros insecte et finisse dans une moustiquaire bien trop transparente, mésaventure certainement dû au choc culturel.

En bon hôte, Eric nous propose de découvrir Montréal et ces nuits interminables. Ici, il n'y a donc pas de couple qui me propose "a ride" mais la chevauchée n'en est pas moins fantastique. Alors que nous sommes en pleine euphorie, le taxi file dans les rues de Montréal, slalomant entre les voitures en atteignant les 120 km.

Avec Montréal, c'est le coup de foudre. Dès la 1re soirée, la ville séduit et flatte les sens. Les lieux parcourus donnent envie de s'attarder et d'y revenir. C'est une ville chaleureuse et attachante, à l'image de ses habitants comme Eric.

Ô lectrices, Ô lecteurs,

excusez-moi d'avoir autant tardé et abusé de votre patience. Les aléas de la route et l'écriture d'un blog  se combinent parfois mal et il faut savoir trouver le bon dosage entre vivre des aventures et les raconter.

Comme dans tout endroit où il fait bon vivre, et où les rencontres sont intéressantes, je quitte Cape Cod en étant triste de partir et heureux d'avoir su profité du moment.

Encouragé par ses histoires phénoménales et hallucinées sur ce qu'on trouve à destination, je pars retrouver Cédric ! Nous voilà à prendre la route pour 500 km, ce qui aux Etats-Unis, est long à tirer. On traverse une succession de paysages monotones qui endormiraient une équipe de rugbyman ayant fait la 3e mi-temps avec des tournées de Red Bull coupées à la Vodka.

Un bon moyen de faire passer ça est de péter régulièrement les plombs et aussi de se consoler en se disant que Montréal et toutes ses promesses vont bientôt être à portée de mains...

Longue bande de terre en forme de croissant de lune, Cape Cod se trouve à quelques heures au sud de Boston. A la pointe de l'île, Provincetown accueille avec tolérance touristes obèses, ados skaters, hétéros égarés et français en recherche d'aventures.

1. L'arrivé

Règle 2 : ne pas faire confiance à des inconnus (celle-là, c'est ma mère qui me l'a apprise). Me voilà donc sur le chemin pour rejoindre mon camp de base quand une cadillac s'arrête à ma hauteur :
"Hey guy, you want a ride?"
Hum, serait-ce ma tunique blonde ? Ma barbe de 5 jours ? qui ont laissé penser à ce charmant couple quadragénaire que j'étais une jeune vierge bonne à être immolée ? Prenant mon air le plus revêche, j'ai donc gagné mon auberge pour y trouver un dortoir vide (l'auberge du Speed dating arrive par la suite, ne t'impatiente pas lecteur en quête de sensations fortes !). La 1re soirée se passe solitaire, avec une motivation pour sortir affaiblie par la fatigue des différents trajets et le temps d'adaptation à l'ambiance très électrique de ce village.

2. Adolescents

Les adolescents aiment le skate, le vélo et prendre la pose.

C'est bon de traîner paresseusement et de les prendre en photos.

3. Tommy

Je vois un sourire lubrique s'afficher sur bien des visages au titre de cette troisième partie. Mais non votre petit français n'est pas passé de l'autre coté, je tourne en effet le dos à ce genre d'aventures...

Ca a commencé ici :

ce café est tenu par un couple (ou plutôt un trio mais ce n'était pas très claire) de lesbiennes vraiment très sympas. Elles me surnomment le "Buffalo boy". Le deuxième soir là-bas, je rencontre Tommy. Ses meilleurs amis sont musiciens. Nous discutons un peu de voyage et de Jack Kerouac : "Yes, all great writers are alcoholic, like Jack Kerouac." Cette discussion fort intéressante m'amène dans le local des pompiers, pour voir les potes des Tommy jouer du punk garage, avec un public d'une quarantaine de teenagers américains déchainés et ayant consommé une dose anormale de bières.

C'est les phares du camion du pompier, clignotant alternativement qui faisaient office de projecteurs et de boules à facettes.

Comme tout bon concert punk, celui-ci s'est terminé par un mal d'oreilles généralisé et une baisse de l'audition pendant 72 heures. Audition bien nécessaire pour écouter les histoires de drag-queen de mon hôte, d'une autre ville de la cote est.

Règle 1 : Voyager, c'est savoir s'adapter, de préférence rapidement, à une multitude de situations différentes.

Le système de sécurité, particulièrement perfectionné de la Société Générale, empêche quiconque (même le détenteur de la carte bancaire) d'utiliser sa carte à l'étranger pour retirer de l'argent. Le paiement dans les magasins fonctionnenent par contre, ce qui étonne le personnel de la banque, et ce qui me permet de manger. Je me retrouve donc pas mal désemparé, un vendredi soir, sans aucun sous en poche. Heureusement, Cédric, mon ange gardien, me fournit en billets verts.
Mais les dollars partent vite aux États-Unis et me voilà démuni (et oui il faut laisser des pourboires, surtout dans les bars) après avoir attendu à la gare pendant une heure :
- "If I buy you 4 phone cards, can I pay you with my VISA?"
- "NO, NO, NO VISA YOU UNDERSTAND?!"
Après avoir appelé l'hôtel avec mes derniers cents et eu la confirmation attendue de l'absence de Cédric, j'ai senti la situation se compliquer, en même temps que la méfiance des indiens montaient à mon égard (leur regards étaient complètement injectés de sang).

Grâce soit rendu a Cédric, c'est au moment ou les indiens fous allaient appeler les services sanitaires que les phares de la Ford Taurus ont illuminés le parking de leur lumière paradisiaque.

la radio qui diffuse les standards du rock américain (comme Heart of gold de Neil Young) fait passer le trajet. La longue plage de sable blanc de Cape Ann est ensuite une bonne terre d'accueil pour ces deux premiers jours de voyage et se remettre d'une journée de 31 heures.

C'est là que Cédric, intelligent et plein d'idées, fait preuve de ses talents d'ingénieur (selon ses propres termes). Me voilà donc enterré vivant, les bras en croix, les poumons compressés et incapable de bouger. Les États-Unis sont un pays de sensation, qui se vivent du coté du coeur et non de la raison !

Normalement, les choses sont faites pour qu'on se sente bien, là j'ai cru que j'allais étouffer mais ce n'est que le début des sensations fortes, made in east coast.

Je suis dans l'avion pour Boston, partage entre la joie du départ et l'appréhension de voyager tout seul. J'ai juste assez prépare mon voyage, afin de laisser de la latitude au hasard et du temps pour s'attarder (ou non) selon les rencontres et l'ambiance des lieux. Je vois déjà les sceptiques et les adeptes des tours opérateurs me fustiger : comment tu n'as pas prévu un programme détaillé, au jour, le jour ? Quand même un billet d'avion pour les États-Unis ça coûte cher et il faut optimiser son temps !

Mon arrivé pas vraiment (du tout) calculée se déroule néanmoins comme une lune de miel a Las Vegas : hôtel avec jaccuzi, terrain de tennis, petit déjeuner gargantuesque et chauffeur pour m'emmener a la gare. Le tout m'étant offert, me voila le Guest de Cédric.

Bon, d'accord, je ne vais pas visiter les États-Unis comme on visiterait l'Ardeche. Les premiers jours se déroulent donc dans la prise de conscience des réalités américaines : Boston - Memphis ne se fait pas comme Paris - Lyon, je ne pourrais pas visiter le Grand Canyon après être allé a Memphis en passant par San Fransico. Je constate (un peu vexé) qu'il va falloir décider d'un itinéraire.

Itinéraire qui changera au gré des envies, des doutes et des battements d'ailes des papillons !